Halloween s’essouffle et n’a plus la cote en France. La fête qui a connu le succès dans les années 2000 se fait désormais très discrète. Importée des pays anglo-saxons par les commerçants dans la période creuse qui précède Noël par pure logique commerciale, la greffe a fait long feu... Cette année, plus de publicités dans les médias ni de décorations dans les rues : les oppositions culturelles, politiques et religieuses ont eu raison de son implantation.
La fête de la Toussaint, fête religieuse joyeuse pour les chrétiens qui se souviennent de leurs défunts résiste au temps. Les ventes de chrysanthèmes et les cimetières remplis de visiteurs en sont la preuve. La Toussaint, c’est avant tout la fête de « tous les saints » C'est le sens premier de cette fête désormais plus culturelle que religieuse. Hasard du calendrier : le lendemain est le jour des défunts et l'inconscient collectif associe cimetières et Toussaint. C'est une erreur. Si le jour des défunts est, pour les catholiques, un jour de mémoire des êtres chers disparus, la Toussaint est un jour d’espérance pour ces mêmes êtres dont les croyants espèrent que la sainteté a été reconnue dans l'au-delà. C’est l’origine du nom de cette fête « Tous les saints » mais aussi « Que tous soient saints ».Un saint (ou une sainte) est quelqu’un qui s’est déjà singularisé de son vivant par une conduite exemplaire.
Mais comment devient-on un Saint ? il faut avoir un statut d’exemple vivant et faire des miracles après sa mort; chaque croyant peut donc légitimement prétendre au titre, devenir un guide spirituel sur terre et faire des miracles après sa mort. Les chrétiens pensent que les saints continuent d’agir dans le monde. "Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre…" prophétisait Thérèse de Lisieux. Ces interventions constituent les miracles réalisés par les saints depuis leur demeure spirituelle éternelle. Il faut donc induire des miracles dans le monde réel pour être canonisé et donc être reconnu comme Saint.
Quand on a vingt ans La Toussaint évoque une période de vacances mais sur le tard, la tradition nous rattrape. Paradoxalement, sur la toile, on découvre depuis quelques années des cimetières virtuels dans lesquels les internautes rendent hommage à leurs amis disparus. Des entreprises proposent des services de d'espace de mémoire virtuels voire d’alertes email pour rappeler l’anniversaire de votre mort à vos proches ou leur envoyer des messages de réconfort à date fixe.Ce contrôle de son image post-mortem dans une société de plus en plus narcissique en dit long sur la perte du sens de la mort dans l'espace collectif. Il y a un marché pour ce type de services: une façon de ne pas disparaître complètemment des carnets d’adresses mails ?