Jeudi 20 septembre 2012
Monsieur le Maire, chers collègues, mesdames, messieurs,
N'ayant pu développer mes questions et interrogations sur ce dossier dans le cadre de mon groupe politique suite à l'intervention de mon Président de groupe et n'ayant pu participer à la réunion de municipalité, c'est donc au sein de ce conseil que je prends la responsabilité de prendre la parole.
A la différence de M. Gonon, je n'ai pas d' a priori et je ne fais pas de procès d'intention aux personnes, ni dans les journaux. Je me contente d'essayer de faire mon travail de Conseiller municipal en posant des questions dans un soucis d'éclaircissement, de transparence et si possible d'apaisement afin de mieux cerner les enjeux de ce dossier qui nous est présenté ce soir.
Je n'oublie pas non plus que l'avenir de l'association Sauf'Art-Le Pavé concerne l'emploi de 5 salariés.
Il semble utile au préalable de vérifier que nous partageons les mêmes informations. :
I- 0ù en est le financement de la ville à l'association ?
- En 2011, dans un contexte budgétaire contraint, 96000 € ont été versés au pavé dans la mare.
En effet :
- Nous avions donné 46000€ de subventions de fonctionnement
- Il faut rajouter à cette somme 50000€ correspondant à l'acquisition par la ville de l'oeuvre « Dédale » de Gilles Picouet en délibération du 7 juillet 2011. En effet, même si Sauf'Art n'est pas cité dans la délibération, c'est bien elle qui a perçu la recette de cette acquisition. La vente de l'oeuvre a permis d'améliorer ponctuellement la situation financière du pavé dans la mare. Je ne connais pas le montant de rémunération de l’artiste.
- Pour information , il faut rappeler que le Conseil régional a versé 25000€ et le CG 11000€.
II Aujourd'hui, que nous propose la délibération ?
- la ville a versé 40000€ en juillet . Il nous est proposé de verser 25000€ aujourd'hui et 32500€ en janvier dans le cadre de la convention triennale proposée en délibération. Soit en 7 mois 97500€.
- la région et le département resteraient peu ou prou au même niveau qu'en 2011 et il n’y aurait pas de subventions supplémentaires
III. Un constat et quelques questions pour éclairer la délibération:
- Nous sommes confrontés aujourd'hui à une association qui rencontre de graves difficultés financières, que la ville a soulagé au travers l’achat d’une oeuvre. La délibération d'aujourd'hui propose comme réponse une montée en puissance du soutien à l'association dans la perspective de la labellisation du Pavé en tant que véritable Centre d'Art, (ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui). Une clarification s’impose avant tout autre décision.
- Ce choix est-il pertinent dans le cadre budgétaire et culturel de la ville actuel ?
- N'est-il une fuite en avant déguisée qui engage fortement la ville puisque contrairement à ce qui apparaît dans la délibération, les deux collectivités n'apporteront pas de subventions supplémentaires cette année.
- Peut-on s'engager aujourd'hui sans connaître le véritable projet culturel de ce prochain Centre d'Art et son articulation avec les autres structures intervenant dans le champ contemporain ( Ecole d' Art, Musée des beaux Arts, FRAC...) ?
- Pourquoi enfin dans la délibération il est indiqué que celle-ci est rétroactive et qu’elle prendrait en compte la subvention de juillet 2012 et celle d’aujourd’hui que nous sommes invités à voter ?
V. Il y a également, il me semble, une inadéquation entre les objectifs que la ville se donne et les stratégies de l’association. Je m’appuie sur les deux exercices que l’on m’a donné.
- En effet, d’ores et déjà, ne peut-on pas s'interroger sur le décalage qui semble apparaître entre les objectifs de l'association et la lecture de son compte de résultat : sur 2 ans comment par exemple, une association qui a comme mission principale la sensibilisation à l'art et aux artistes contemporains de notre région auprès du large public local et en particulier les jeunes, peut-elle consacrer 34000€ à l'achat d’oeuvres, alors que ce n'est pas sa fonction ou une location immob. de 12500€ en Chine et 37600€ de frais de déplacement ? Si la résidence d'artistes dans notre ville est un outil certainement intéressant de médiation, en quoi la résidence d'artistes en Chine comme cela est évoqué dans la convention répond t-elle à cet objectif ?
V. En conséquence il me parait utile de faire des propositions pour sortir par le haut de la situation :
- Je souhaite tout d'abord, pour éviter les ambiguïtés que nous repassions une délibération indiquant clairement le destinataire de la vente de l'oeuvre de Gilles Picouet à l'association le Pavé et non pas à l'artiste
- Je propose une réécriture de la Convention avec l'association dans le sens d'un recentrage de ses missions et de son activité sur le territoire de la ville et sa région, en relation avec les partenaires culturels publics : FRAC, l'Ecole d'Art , Musée, Bibliothèque et je souhaite que nous nous distinguions clairement d’un travail relevant d’une galerie privé et d’un marchand d’art.
- Je propose enfin un accompagnement spécifique en matière financière et institutionnelle de l'association au travers d'un audit approfondi de gestion.
Vous l'avez compris, j’espère, j’espère vraiment, que mon objectif est de faire des propositions pour maintenir une activité assurée par cette association qui joue un rôle important dans le domaine de l’art contemporain mais pour ce faire, son fonctionnement et sa gestion doivent être assurées dans une transparence totale.
Aussi je souhaite un report de ce dossier dont le projet mérite une concertation plus conséquente en collaboration avec la région, le département et les partenaires culturels, ces autres collectivités ne souhaitant pas conventionner en 2012.
Attendons, puisqu’il n’y a pas urgence, le rapport du ministère concernant la labellisation du pavé dans la mare.
Dans le cas contraire, vous le comprendrez Monsieur le Maire, je ne pourrai pas voter votre délibération.
Jean-Sébastien LEUBA
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