Vu
de Paris, les responsables de l’UMP considèrent depuis longtemps qu’il est
inutile d’investir un kopeck pour essayer de conquérir la mairie de Besançon. Les
petites querelles récurrentes rendent
toute croisade contres les gauches installées durablement dans la boucle par
Jean Minjoz inutile. Pas si facile de trouver un Godefroy de Bouillon pour guerroyer à Besançon.
Une véritable malédiction pour la droite car une échéance municipale, cela se prépare ; or depuis des lustres, les leaders de droite s’échinent à étouffer dans l’œuf toute velléité dans leurs rangs. Claude Girard aidé par Georges Gruillot a carbonisé il y a 30 ans le brillant tribun Michel Viallate. Jean-François Humbert ancien président de la Région et sénateur n’a eu de cesse de compliquer la tâche de Jean Rosselot : les résultats calamiteux de ce dernier aux municipales n'y sont pas étrangers.
Pas un kopeck à investir à Besançon vous dis-je: trop risqué avec ces francs-comtois aussi querelleurs que les bretons du village d’Astérix.
Jacques Grosperrin pensait avoir tordu le cou à la malédiction. Désigné dès mars par Jean-François Coppé pour conduire la liste UMP, il allait utiliser le créneau supposé de l’usure naturelle de Jean-Louis Fousseret se présentant pour un troisième mandat, la détestation de François Hollande par une majorité de français faisant le reste…
C’était trop beau : dès la rentrée Jacques Grosperrin reprenait sa campagne commencée en mai sous l’œil vigilant des espions municipaux. Il pouvait enfin fédérer les électeurs droitiers-libéraux-centristes qui rêvent d'un leader absent depuis Michel Jacquemin. L’opposition avait enfin son candidat déclaré en temps et en heure pour des municipales.
C’était sans compter sur la capacité de la droite locale minée par des rancœurs recuites à mettre tout en œuvre pour essayer de détruire dans l’œuf une tentative crédible.
Tel un sérial-killer dans une implacable logique de répétition, le premier à dégainer a été le sénateur Humbert. Comme en 2001 et 2008, il est candidat à la mairie de Besançon. Ses motivations sont alambiquées. Les tensions qu’il entretien avec l’UMP (tout en lui devant son statut de sénateur) ne sont pas étrangères à son désir d’en découdre. Il veut « travailler » avec les centristes, et des gens de centre – gauche. Beaucoup pensent que cette fois, il ira jusqu’au bout de sa logique suicidaire.
Le second problème plus inattendu vient du conseiller municipal Philippe Gonon, ex-modem reconverti depuis un an à l’UDI de Borloo. Gesticulant beaucoup sur les réseaux sociaux, il a coupé l’herbe sous le pied de Jacques Grosperrin en présentant ses axes de campagne. Il a surtout débauché Jean-Marie Gired, illustre inconnu mais néanmoins patron -en sursis- du groupe UMP au conseil municipal de Besançon ; ce dernier cogite désormais avec lui et pour lui. Belle prise pour celui qui a obtenu moins de 2 % lors des dernières législatives et qui souhaite faire liste commune…avec Jacques Grosperrin en lui apportant des idées à défaut de troupes sur le terrain. Ce centriste rêve des sénatoriales et des régionales tous les matins en se rasant.
Il y a aussi le Modem, favorable à un rapprochement de la droite et du centre. Laurent Crozier, le délégué départemental écrit que « … la gestion municipale doit être l’œuvre d’une équipe et non celle d’un seul homme, dont l’étiquette politique n’a que peu d’importance » Jouer à colin maillard pour départager l’UMP, le Modem et l’UDF, même François Bayrou n’y aurait pas pensé !
Jean-Louis Fousseret demeure impavide et il a bien raison : l’agitation de son opposition travaille pour lui. La gauche plurielle est aussi divisée que la droite diverse mais elle ne montre pas ses désamours. La gauche locale a une grande expérience de la stratégie politique. Pour vivre heureux, vivons cachés et n’étalons pas au grand jour les sujets qui fâchent même s’ils font parfois un peu d’écume au cours des conseils municipaux. Le maire se dit « zen » et fait habilement campagne tout en disant le contraire. Pensez-donc, il n’aura même pas à imputer dans ses comptes de campagne le coût du tramway tellement désiré par ses électeurs bisontins chéris.
La malédiction de la droite vous dis-je. Il reste peu de temps à ce beau monde pour oublier les égos et songer enfin à leurs électeurs fort éloignés de leurs minables querelles. Sinon, en mars 2014, il ne leur restera plus qu’à se morfondre des effets dont ils auront tant chéri les causes. Vaste chantier…
vidéo réunion Jacques Grosperrin