Certains lecteurs m'envoient parfois des textes. J’en publierai quelques-uns selon un rythme aléatoire. Jacques VUILLEMIN a été officier et a exercé avec Robert SCHWINT deux mandats d’élu local. Il participe désormais aux débats sur les grands sujets d'actualité. Passionné par l’écriture, il a publié un essai sur " Les maires " aux éditions "édilivre" et vient de publier un recueil de poèmes : " Vendanges Tardives ". Daniel AIME
Humilité à gauche pour une victoire que l’on espérait plus large. Humilité à droite après une défaite annoncée. Au delà des petits calculs : « je te prends 4 départements et je t’en rends un «, deux chiffres retiennent tout particulièrement l’attention : celui de l’abstention : 55 %, et celui du vote FN : 11%, avec des pointes locales à 40 %.
L’addition de ces deux chiffres concrétise un message clair et inquiétant. Plus de 6 français sur 10 n’ont pas voté pour un parti de gouvernement .Les Français ne font plus confiance et se réfugient dans l’abstention ou le vote contestataire. Pour l’abstention, on nous sert des explications préparées à l’avance : élections locales non couplées avec une autre élection, élections intermédiaires … Pas très convaincant. Pour le vote FN on veut se rassurer avec le vote de contestation, le message d’avertissement.Et si les choses n’étaient pas aussi simples. Il paraît établi que le FN s’installe solidement et sans doute durablement dans le paysage politique. C’est dans les départements où le chômage, la précarité progressent le plus, comme le Pas de Calais, le Gard, la Moselle que le FN connaît la plus forte progression. Ce n’est donc pas un simple message d’avertissement mais un vote d’angoisse économique et sociale qui peut ressembler à un vote d’adhésion. Une angoisse à laquelle les réformes annoncées, comme la suppression de l’ISF, ou le débat sur la laïcité, ne répondent pas du tout.
Et maintenant ?
Quelle stratégie pour la droite ? Faut-il poursuivre la chasse sur les terres du FN pour séduire ses électeurs avec le risque d’ouvrir un espace au centre favorable à une candidature centriste ? Ou bien fidéliser un électorat plus sensible aux valeurs sociales ?
Quelle stratégie pour la gauche ? Pour Martine Aubry, les Français ont ouvert la porte du changement. Mais la vraie question est de savoir qui est derrière la porte et avec quel projet. En attendant, la gauche regarde ailleurs, vers la Corrèze, vers Lille ou vers Washington.
Selon un récent sondage, plus d’un Français sur deux considère que le FN est un parti comme les autres. C’est nouveau. Cela pose la question du rôle du politique. Doit-il suivre l’opinion pour la séduire au risque de se perdre ? Doit –il rester fidèle à ses valeurs et à ses convictions ? Pour Benjamin Constant, il y a deux sortes d’Hommes : Les hommes de convictions et les Hommes de circonstances. Dans le contexte actuel, nous avons davantage besoin d’Hommes de convictions.
LES TROIS ABSENTS DU PROJET PS: L'IMAGINATION, L'AUDACE, L'EUROPE
C’est fait . Le PS a présenté son projet pour 2012. Un projet qualifié , selon ses auteurs , de sérieusement de gauche et d’une gauche sérieuse . D’ailleurs deux mots caractérisent ce projet : Espoir et rigueur Deux mots qui pourraient , aussi , définir un projet de droite. A ces deux mots , j’en aurais préféré deux autres : « imagination et audace »
A vouloir paraître sérieux , le PS a , semble-t-il , renoncé à toute audace , à toute imagination et j’ose l’écrire à tout utopie . Je ne lui reproche pas de ne pas promettre la lune , de ne pas annoncer le grand soir , mais il manque de vraies mesures de rupture avec les mandats précédents . certes , l’espoir de gauche est présent , la rigueur n’a pas été oubliée , mais on cherche vainement la mesure phare , le signal fort adressé aux électeurs de gauche .
En 1981 , François Mitterrand avec l’abolition de la peine de mort , malgré une opinion publique hostile , avait envoyé un signal fort .J’attendais , j’espérais un ou deux signaux de cette force dans le projet socialiste .Deux signaux , au moins , me paraissaient possibles .
Alors , que l’UMP braconne sur les terres du FN , le PS aurait pu , aurait dû annoncer le droit de vote aux étrangers non communautaires pour les élections locales .Voilà une promesse réitérée à chaque élection et oubliée le lendemain au motif que ce n’est pas le bon moment .mais , il n’y a pas de bons moments pour servir une grande cause ou moderniser la vie politique . Y avait-il un bon moment pour abolir la peine de mort ?
Autre signal fort possible . le PS annonce sa volonté de réduire la part du nucléaire civil . Fort bien . Mais pourquoi ne pas poser la question du nucléaire militaire ? la France maintient un arsenal nucléaire militaire qui ne servira sans doute jamais . Seule une France de gauche peut poser et trancher cette question .Question majeure alors que les crédits manquent partout pour répondre mieux aux attentes des Français . le PS et la gauche doivent avoir l’audace de poser cette question .
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