Dans un communiqué de presse, Mireille Péquignot, conseillère minicipale du groupe UMP et Nouveau Centre et conseillère régionale s'en prend vigoureusement à Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon et président de la CAGB. Elle accuse le maire d'être le VRP de l'entreprise CAF et parle de "commissions"
intégralité du communiqué de Mireille Péquignot :
Est-ce le rôle du Président de l’agglomération bisontine de jouer les VRP de luxe de l’entreprise espagnole CAF, concurrente d’Alstom, un des plus gros employeurs industriels delà région ?
Malgré une très forte implantation d’Alstom à Ornans et Belfort, un des leaders mondiaux dans la fabrication de tramway, près de 3000 emplois en Franche-Comté, l’agglomération bisontine a rejeté sa proposition et préfère acheter les rames de son futur tramway auprès de l’entreprise espagnole CAF qui n’emploie aucun salarié ni dans le Grand Besançon où le taux de chômage dépasse les 40 % par endroits, ni en Franche-Comté. Faire venir des rames d’Espagne alors que nous produisons ces matériels en Franche-Comté est un véritable non sens économique, industriel, écologique et social.
Le Président de l’agglomération bisontine ne s’arrête pas à l’achat des rames. Pour aider le concurrent espagnol d’Alsthom à mieux lui livrer concurrence dans la pénétration du marché français, Jean-Louis Fousseret joue les VRP de luxe pour CAF et lui offre au passage une extraordinaire campagne de communication tous frais payés par les grands bisontins (campagne publicitaire dans la presse, mise en place d’une maison du tramway vantant les mérites des belles rames de CAF, participation et exposition des rames CAF sur le forum du rail). Des commissions ont-elles été perçues ? Une entreprise bisontine a-t-elle jamais bénéficié d’une campagne publicitaire d’une telle ampleur offerte par Jean-Louis Fousseret ? Pourtant la taxe versement Transport qui pèse sur les entreprises de l’agglo bisontine après une forte augmentation dernièrement épargnera totalement CAF qui n’a aucun salarié dans l’agglo bisontine.
L’entreprise CAF compte juste se servir de la naïveté industrielle et économique de la capitale comtoise pour se doter enfin d’une tête de pont lui permettant de concurrencer Alstom sur le marché français et européen du tramway. Besançon et Jean-Louis Fousseret deviennent donc à la fois une vitrine commerciale pour CAF au détriment d’Alstom et un laboratoire d’expérimentation pour un fabricant qui ne maîtrise pas encore la fabrication des moteurs de tram et n’est pas à même d’assurer l’ensemble du processus de fabrication du tramway. La société CAF n’ayant pas encore fait ses preuves techniques et commerciales sur les tramways en France et en Europe, ne dispose pas encore du recul nécessaire pour assurer la fiabilité d’un tramway pour une agglomération comme Besançon. Alors qu’Alstom équipe déjà 40 agglomérations françaises avec 1500 tramways en circulation fabriqués à 100% en France.
Proposer 1 petit million d’€ de commande de moteurs que CAF ne sait pas fabriquer à Alstom comme lot de consolation sur les 36 millions destinés au matériel roulant que Besançon confie à l’entreprise CAF, est-ce sérieux ?
Sur environ 250 millions d’euros de coût global du tram bisontin, une part plus importante doit être confiée à Alstom. En dehors des moteurs qui représentent à peine une semaine de travail pour Alstom Ornans, une réflexion doit être engagée sur les autres volets de ce dossier, qu’il serait plus que souhaitable de confier à Alstom.Pour une concurrence non faussée, la capitale comtoise aurait dû exiger de l’entreprise espagnole CAF au minimum la création d’un site de production dans l’agglomération bisontine qui dispose d’une main d’œuvre de qualité et de nombreux sous-traitants. Afin de limiter les dégâts, l’agglo bisontine doit désormais s’engager à cesser toute cette communication indécente et ridicule sur l’entreprise CAF, car ça n’est pas le rôle d’une collectivité de faire la représentation commerciale et les relations publiques de luxe pour une entreprise qui n’est pas implantée sur son territoire. Comment ne pas s’inquiéter de cette nouvelle prise de risque inconsidérée de Besançon ? Nous Espérons que ce projet de tram ne fera pas revivre aux bisontins les épisodes désastreux et douloureux engendrés par la gestion des dossiers de la cuisine centrale et de Sonorama.
Confier des intérêts aussi importants à des entreprises qui utilisent notre collectivité comme leur terrain d’expérimentation n’est pas un gage de sérieux ni de responsabilité.
La réponse du maire ne s'est pas fait attendre, il accuse l'élue d'ignorer la complexité des marchés publics et menace cette dernière de poursuites.
Réponse adressée par Jean-Louis Fousseret à Mireille Péquignot :
« J’ai lu avec attention dans la presse, puisque, à ce jour, vous n’avez pas encore eu l’élégance de me la communiquer, votre lettre m’accusant d’être un VRP de luxe pour le groupe européen CAF.
Refusant la polémique stérile, je me suis interrogé sur la nécessité de vous répondre publiquement.Cependant, les inexactitudes, les mensonges et de graves insinuations m’obligent à vous répondre point par point.
Tout d’abord, je ne suis le VRP de personne, si ce n’est de notre ville, et de notre région, et spécialement auprès du monde économique. Je le fais et je continuerai à le faire avec enthousiasme car il est de mon devoir d’être l’ambassadeur de notre région et sa capitale, et si je me suis rendu en Espagne, c’est uniquement pour négocier les conditions avantageuses pour les finances de Besançon et de notre agglomération.
Vous m’accusez d’acheter des tramways espagnols de préférence aux tramways Alstom.Dois-je vous rappeler que les marchés publics de ce type sont soumis à une procédure d’appels d’offres au niveau européen, qui répond à un strict ordonnancement juridique soumis au contrôle du juge.Madame, en ce qui me concerne, je respecte la loi, et j’ai choisi CAF après avis unanime de la Commission d’Appels d’Offres
Le non-respect des règles aurait été immédiatement sanctionné par les magistrats saisis par les autres candidats au marché et non retenus.Par ailleurs, révisez vos chiffres, vous qui êtes toujours prête à dénigrer la Franche-Comté, il n’y a pas 40 % de chômage dans le Grand Besançon, heureusement.
En outre, permettez-moi de vous rappeler, car vous semblez l’ignorer, que les tramways du Grand Besançon seront construits par des ouvriers français, à Bagnères-de-Bigorre, Alstom construisant les siens à La Rochelle, vous le voyez.La Rochelle, Besançon ou Bagnères-de-Bigorre, c’est la France, Madame.
Vous parlez de campagne de communication offerte à CAF par le Grand Besançon.La réalité est inverse puisque, par exemple, c’est CAF qui vient d’offrir au Grand Besançon la maquette grandeur nature de notre tramway, qui va permettre aux futurs utilisateurs d’initier d’éventuelles modifications.Coût de cette maquette : environ 400 000 €uros.Qui fait un cadeau à qui ?D’autre part, affirmer que CAF n’a pas d’expérience, alors que cette société vieille de 100 ans construit depuis longtemps des tramways, des métros et des trains à grande vitesse, c’est faire preuve de beaucoup d’ignorance ou de malhonnêteté intellectuelle.
Alstom vend dans le monde entier -et c’est très bien aussi- et équipe par exemple le métro de Madrid et de Barcelone, en Espagne !!!On ne peut vouloir exporter et d’autre part fermer les frontières.
Par ailleurs, c’est bien mal me connaître que de penser que je ne défendrais pas les intérêts de l’industrie franc-comtoise.En effet, j’ai proposé à CAF d’équiper les trams avec des moteurs d’Alstom et de faire ainsi travailler l’industrie franc-comtoise. A cet égard, une délégation de CAF viendra prochainement en Franche-Comté pour étudier d’éventuelles collaborations.
Pour terminer, vous faites allusion à, je cite, « des commissions auraient-elles été perçues ».Ces allégations sont très graves, et je vous demande désormais de mesurer vos propos.Si tel n’était pas le cas, je me verrais dans l’obligation de demander à la justice de notre pays de vous rappeler les règles qui protègent la probité et l’honneur de chacun ».
Une telle passe d'arme est rare à Besançon. On suivra avec intéret la suite des échanges et les éventuelles implications judiciaires.