C’est la fin d’un insoutenable suspense qui tenait en haleine les électeurs de la seconde circonscription : il n’y aura pas de Député-maire à Besançon, comme à Dijon ou Lons-le-Saunier. Le maire de Besançon (ou son adjoint) ne s'opposeront à la candidature d’Eric Alauzet (1)
Pourtant, avec l’accord national EELV-PS signé par Martine Aubry, les divergences entre les Verts Bisontins et le maire, permanentes depuis 2001, sont à leur apogée. Tram, Gare d’Auxon, voie des Mercureaux …autant de réalisations que les Verts, pourtant adulés lors de la constitution des listes dites « gauche plurielle » aux municipales (lire le précédent billet) ont voué aux gémonies, les considérant comme des erreurs : « …cette gare est une erreur historique, on va droit à la catastrophe... » (1)
Le communiqué des deux impétrants potentiels à la députation confirme le secret de Polichinelle qu’était devenue leur non-candidature:
« A l’heure où François Hollande prend ses fonctions, nous nous réjouissons du changement qui intervient et en faveur duquel près de 60 % des Bisontines et des Bisontins se sont prononcés.
Nous restons persuadés qu’une candidature socialiste était la plus à même de faire gagner la gauche et d’assurer ainsi au nouveau Président de la République une majorité permettant de mener à bien les politiques soutenues lors de la campagne présidentielle.
Ayant porté pendant ces derniers mois le programme de François Hollande, et après ce formidable élan qui a lui permis d’obtenir 52,17 % lors du second tour dans cette circonscription, nous souhaitons contribuer au rassemblement qui permettra de battre le député sortant qui a soutenu pendant cinq ans les politiques anti-sociales de Nicolas Sarkozy.
Animés par le même esprit de responsabilité que celui dont nous avons toujours fait preuve dans notre vie d’élu et de militant, guidés par le sens de l’intérêt général et par le souci de faire gagner la gauche, nous avons donc décidé de ne pas être candidats à l’élection législative de la deuxième circonscription du Doubs.
Nous resterons attentifs à ce que le programme d’Éric Alauzet soit cohérent avec celui de François Hollande et apporte les garanties indispensables de cohésion et de loyauté, aujourd’hui comme demain »
Belle performance de plumitif et grand jeu d’acteurs. Se présenter contre Eric Alauzet, soutenu par la présidente de Région, le Président du conseil général, une ancienne députée, le premier secrétaire fédéral, l’autre candidate aux législatives voire…un futur Ministre, était politiquement impossible pour eux. Le maire déclarait (La Presse bisontine de Janvier 2012 -n°128) que «…malgré les beaux discours sur la décentralisation, tout se décide à Paris et c’est encore plus vrai maintenant. Ce n’est pas une histoire de frustration d’être le seul maire du grand Est à ne pas être parlementaire mais d’un côté, il ne faut pas dire « Dijon a obtenu ceci, l’agglo de Montbéliard a obtenu cela » et de l’autre et de l’autre me reprocher de vouloir mieux peser en faveur de ma ville »
Le communiqué, modèle de langue de bois,transpire l'embarras; il est en contradiction avec les propos tenus il y a 3 mois : l’accord qui était « ...ni bon, ni applicable » doit être désormais être respecté à cause de « …l’intérêt général… » (lire ce billet plus ancien) Ils doivent être verts de rage, ceux qui considéraient que les instances nationales du PS faisaient une erreur. « …ce sont les seuls Verts de France qui ont voté contre le tram. Cela ne me donne pas envie de ma battre pour eux » (2) « …qu’ils sont mis devant le fait accompli…Il nous faut un candidat qui porte le consensus. Jean-Louis Fousseret est celui-là… » (3). La politique, c'est aussi l'art de se faire oublier.
Haro sur le Député UMP sortant et unité de façade. Il n’est pas facile d’aller contre l’avis de la rue de Solferino lorsqu' on est maire ou conseiller général du département du Doubs. Il est plus simple d’avaler la couleuvre anesthésiée par le formol d’un communiqué. Pas assez courageux pour un coup de poker; en cas d’échec, les risques sont trop grands: exclusion du PS, opposition des éléphanteaux locaux. Pas simple d’hypothéquer des carrières politiques besogneusement acquises pendant trois décennies. N’est pas Robert Schwint qui veut pour faire fi du PS et gagner des municipales (revoir cette vidéo). C’est la seule et unique raison des deux non-candidatures après les gesticulations. Le reste n’est que verbiage. La Haute-Saône, elle, pourrait avoir un Ministre ou un secrétaire d’Etat, Montbéliard un Ministre, localement, une surprise ? Le PS du cru évite provisoirement un psychodrame. Les comptes seront réglés le 17 juin au soir. Quelque soit le résultat, cette élection législative laissera des traces.
En attendant, c'est le monde à l'envers: les deux élus confirment qu'une candidature socialiste était la plus à même de faire gagner la gauche mais qu'ils ne seront pas candidats. Art de la valse hésitation et langue de bois: qui potest capere capiat...
(2) Frank Monneur, président des élus socialistes de Besançon
(3) Yves Michel Dahoui, conseiller général socialiste de Besançon-sud