Il y a bien longtemps, le jour du 11 novembre, mon instituteur réunissait les quatre niveaux de sa classe de garçons devant le monument aux morts du village. Les filles n’avaient pas cet honneur car seuls ceux qui étaient censés mourir pour la patrie après un service militaire de 18 mois étaient conviés à la mâle cérémonie. Plus tard le féminisme triomphant allait permettre une mixité relative dans le maniement des armes. Les chères tètes blondes n’étaient pas peu fières d’égrener les noms inscrits dans le marbre, ponctué d’un « mort pour la France » rempli d’émotion quand il s’agissait d’un arrière –arrière grand oncle dont on perpétuait la mémoire en famille.
Aujourd’hui, en ce jour d’hommage à la nation, on hue un président que l’on n’apprécie guère comme si cette cérémonie était devenue un lieu de défoulement collectif. Pas certain que la détestation de Hollande et le malaise actuel du peuple soient les seules raisons du spectacle navrant auquel on a assisté deux fois aujourd’hui.
On n'enseigne plus l’histoire de France; le général de Gaulle est pratiquement sorti des manuels et il y a belle lurette que les héros des années 1914 ont déserté l’inconscient collectif des citoyens, petits ou grands. Pensez-vous: même les sportifs ne connaissent pas l’hymne national que n’importe quel écolier chantait dès six ans. La France a oublié ses 1 500 000 héros et ils ne sont même pas remplacés par les hommes politiques devenus « ordinaires » et que l’on peut vilipender en public.
80 % des français, y compris ceux qui votent traditionnellement à gauche, ne supportent plus le président Hollande. En allant dans la plastics vallée demander au peuple d’être uni, le chef de l' Etat n’a pas mesuré le gouffre qui le sépare désormais du peuple et le désarroi de ce dernier. Un discours ressenti comme insultant dans les temps qu’il traverse. Le président ne peut plus parler de rien : tous les mots exprimés par lui semblent désormais convenus et stériles. Une situation inédite mais dramatique pour un pays qui sombre dans une forme de sidération.
Ceux qui ont troublé les cérémonies à Paris et à Oyonnax ont eu tort. On peut honnir un président sans se servir du 11 novembre pour le faire savoir. Ces instants rituéliques de notre république doivent être de nouveau réhabilités par la nation, dans les programmes scolaires et dans le discours public. A force de confondre nation et nationalisme, on a mis en pièce les moments sacrés de notre pays. Ils en étaient pourtant la substantifique moelle.
"On n'enseigne plus l'histoire de France" attention à l'orthographe des beaux textes.
Rédigé par : Jacques | 13 novembre 2013 à 22:37