Il y a cent ans,l'Ecole de l'avenue d'Helvétie
L'Ecole d'Helvétie a été inaugurée en 1911: elle est construite sur des terrains restés vierges entre la « porte de Strasbourg », qui ferme le quai du même nom au niveau du vallon de la Mouillère, et le débouché sur la rive droite du « pont des Chaprais ».
- Le pont a été ouvert en 1838, dérogation à l'application du périmètre militaire qui interdit toute construction extérieure à la ville, à proximité des fortifications; c'est alors un pont suspendu - que les Bisontins appellent le « pont fil de fer » - qui peut être très facilement coupé en cas de siège. Le parc Micaud est créé peu après, but de promenade pour les Bisontins qui doivent payer un péage pour y accéder.
- Le quai de Strasbourg (à l'origine, « quai Napoléon ») est percé dans les années 1855, rognant maisons et jardins au bord du Doubs; le quai Veil-Picard ne le prolongera vers Canot qu'après la guerre de 1870-71.
- Le quartier des Chaprais et son prolongement le long des différents embranchements du chemin de la Mouillère ne peut se développer qu'à partir des années 1880, quand l'armée abandonne le système défensif rapproché de la ville pour créer les forts de la grande ceinture, de la Dame-Blanche à Planoise en passant par les Justices. De nouvelles artères sont établies (certaines d'origine privée comme la rue de Vittel en 1910) pour quadriller la nouvelle extension de la ville.
Sur les terrains disponibles entre les avenues de Fontaine-Argent et Denfert-Rochereau s'était installé un établissement de loisirs, le Restaurant de la Mouillère. La municipalité construit sur l'ensemble un établissement scolaire destinée à accueillir les enfants des nouveaux quartiers.
La nouvelle école est en fait constituée de trois groupes de bâtiments, qui abritent aujourd'hui
- la Maternelle pour celui qui fait angle entre l'avenue d'Helvétie et la rue Delavelle;
- l'école primaire pour le grand bâtiment parallèle au Doubs;
- l'école primaire encore, mais dans un bâtiment plus récent, à l'angle de l'avenue Denfert-Rochereau.
Ces trois ensembles sont bien individualisés dans la mention qu'en fait en 1911 un des guides publiés à l'attention des touristes:
Besançon et ses environs : petit guide indicateur. A. Cariage éditeur, 1912-13.
Dans la visite de la ville, après un parcours dans Battant et Arènes, le guide mène les visiteurs jusqu'à la rue Thiémanté, et, de là sans s'arrêter sur les quais Veil-Picard et de Strasbourg, vers les nouveaux quartiers de l'avenue d'Helvétie
« En continuant notre visite nous passons devant l'avenue Denfert-Rochereau (conduit à la place Flore); les bâtiments neufs qui s'alignent entre la rue Denfert et le rond-point du Casino, comprennent: le gymnase municipal, la nouvelle Ecole d'Horlogerie en construction et un groupe scolaire ; vers le Doubs, nouvelle promenade dans laquelle est englobée la source de Billecul au pied d'un groupe de peupliers. Au rond-point du pont, où est érigée la statue de Proudhon, on aboutit, devant le Casino, à la promenade Micaud. »
Si l'on en croit cette description, qui devrait être confrontée aux documents que l'on trouvera aux services d'urbanisme de la ville, le « groupe scolaire » achevé en 1911 est constitué uniquement par l'école maternelle d'aujourd'hui.
Le grand bâtiment de l'école primaire, encore en construction, serait destiné à abriter l'école d'horlogerie, à l'étroit dans les l'ancienne halle à grain de la ville (aujourd'hui Conservatoire régional de musique), sur la place de l'Abondance (aujourd'hui place de la Révolution).
A l'angle de l'avenue Denfert-Rochereau, le bâtiment abrite le gymnase municipal, dont les développements (plus récents?) s'alignent en direction de la rue Delavelle.
On peut penser que le projet d'installation de l'école d'horlogerie n'a pas aboutit parce que le développement du quartier a impliqué la nécessité d'une école plus grande que celle qui était initialement prévue... Peut-être la ville a-t-elle dès lors envisagé la construction de bâtiments encore plus spacieux pour l'école d'horlogerie: ce sera fait en 1933 avec l'inauguration de ce qui est aujourd'hui le lycée Jules-Haag, à la Butte. Les archives des services techniques de la ville devraient permettre de faire plus précisément le point sur cette question.
On peut aussi imaginer que l'attribution des nouveaux bâtiments à l'école d'horlogerie n'a pas été qu'un on-dit sans fondement, une extrapolation de l'auteur du guide touristique. Le guide - c'est hélas un risque lié au genre - n'est d'ailleurs pas exempt d'erreurs: dans la même page, la construction de la synagogue est attribuée à l'architecte Delacroix alors qu'elle est due à Pierre Marnotte...
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