« Les tramways du Grand Besançon seront construits par des ouvriers fran çais »,
Permettez-moi de vous rappeler que CAF, avec à peine 110 salariés à Bagnères de Bigorre, n’a absolument pas les ressources humaines suffisantes pour fabriquer le tramway bisontin en France. CAF avec ses 110 salariés, c’est à peine 1,3% des 8 500 personnes qu’Alstom emploie en France pour la réalisation de ses matériels roulants 100% made in France. Pourquoi maquiller la réalité ?
Il est donc certain que le tramway bisontin ne pourra pas et ne sera pas fabriqué par les 110 ouvriers français de CAF et vous le savez. Les pièces et composants arriveront déjà fabriquées d’Espagne par transporteurs jusqu’à Bagnères-de-Bigorre dans les Pyrénées Atlantiques pour y être assemblées. Les rames une fois assemblées reprendront la route jusqu’à Besançon. Rappelons au passage que CAF n’emploie aucun salarié ni à Besançon, ni en Franche-Comté.
Contrairement à Alstom qui fabrique ses tramways de A à Z, CAF ne maîtrise toujours pas la fabrication des moteurs de tramways comme vous avez pu vous en rendre compte dans son usine en Espagne. Du coup la provenance des moteurs du tramway bisontin n’est toujours pas garantie à ce jour. Quelle réactivité et qu’elle fiabilité du SAV par la suite ? CAF n’emploie aucun salarié ni à Besançon, ni en Franche-Comté.? Beaucoup d’incertitudes et de risques donc…
Face à ces incertitudes, aux questions sans réponse à ce jour, François Rebsamen, Président du grand Dijon, ainsi que 40 autres présidents d’agglomérations françaises ont refusé de prendre des risques inconsidérés pour leurs territoires. Ils ont tous rejeté le tramway « low cost » CAF et opté sans hésitation pour la qualité, la fiabilité, la responsabilité sociale et environnementale des tramways 100% made in France d’Alstom.
Dernière en date, l’agglomération d'Aubagne a annoncé ce 8 octobre 2011 le choix des rames de 22 m du nouveau tramway « Citadis Compact » d’Alstom qui était en concurrence avec CAF. Selon le Président Maire d’Aubagne : « Alstom a parfaitement répondu au cahier des charges de la collectivité, notamment l'exigence de s'adapter à une ville de la taille
d'Aubagne » 103000 habitants. Citadis Compact sera conçu et assemblé dans les sites français d'Alstom Ornans, Valenciennes, La Rochelle, Le Creusot, Tarbes et Villeurbanne.
Le « Made in France » est donc bel et bien un argument qui a pesé dans la satisfaction du maire d’Aubagne, Daniel Fontaine. Il déclarait dans la Provence.com le 8 octobre 2011 au sujet d’Alstom : « Elle ne va pas seulement assembler ces véhicules en France, mais aussi les construire ici, c'est une bonne chose pour la création d'emplois et l'économie. De plus, en tant que simple citoyen, Alstom, cela raisonne en moi, je sais que l'on peut compter sur la fiabilité de leurs produits ». En effet, Alstom c’est 8500 salariés en France, 3300 salariés en Franche-Comté (Ornans et Belfort), et au total 25600 personnes dans le monde.
Contre toute attente et à contre courant de ses homologues, Besançon, capitale de la Franche-Comté, première région industrielle de France, située à 25 minutes du site Alstom d’Ornans (plus de 400 personnes), est la première ville en France à ne pas faire de différence entre fabrication et assemblage, et à avoir fait le choix du tramway low-cost social en kit de CAF. Comment l’expliquer ?
L’offre de tramway d’Alstom avait été officiellement déclinée pour des « raisons de calendrier et de dimensions de rames spécifiées dans le cahier des charges». Qui veut noyer son chien l’accuse de rage. Quand on sait que le tram bisontin n’est attendu qu’en 2015, on se demande pourquoi une telle précipitation dans l’éviction d’Alstom ? N’y a-t-il pas eu différence de traitement au détriment d’Alstom ?
Quand on sait par ailleurs que le tramway bisontin est financé notamment par une subvention de l’Etat français à hauteur de 30 millions d’Euros dans le cadre du Grenelle de l’environnement, comment expliquer que les dimensions environnementales et sociales aient été à ce point ignorées ?
Je réaffirme que faire venir des rames « low cost » d’Espagne alors qu’Alstom fabrique localement des tramways de haute performance est un véritable non sens économique, industriel, écologique et social. C’est tout, sauf du développement durable.
En tant que décideur public, il serait normal d’acheter à l’Espagne des produits que nous ne fabriquons pas localement. Par contre, les produits pour lesquels nous avons une longueur d’avance, nous devons conforter notre position. C’est ce que l’économiste anglais David Ricardo a appelé « l’avantage comparatif ». Vous semblez avoir oublié cette théorie de bon sens du commerce international.
En tant que Maire de la capitale régionale, qui affiche un taux de chômage dépassant les 40% par endroits, à Planoise notamment, dépenser 36 millions d’euros de nos impôts, sans vous soucier de la défense et la protection des emplois sur notre territoire est une faute politique très grave.
Au lieu d’assumer clairement l’éviction d’Alstom, vous essayez de dénigrer cette belle société en sous-entendant qu’elle présenterait les mêmes caractéristiques que CAF. C’est indécent. Vous expliquez également que ce n’est pas votre faute, que c’est la faute de l’Europe et de sa législation sur les appels d’offres.
Quelle Europe ? Visiblement votre Europe n’est pas la même que celle de François Rebsamen et des Présidents des 40 agglos qui ont tous choisi la fiabilité Alstom. Vous avez fait le choix de la naïveté et du moins-disant social, industriel, technologique, environnemental. Vous avez renoncé à la défense des intérêts de notre agglo et de sa région. Il faut l’assumer.
Quelle règle européenne peut interdire à la commission d’appel d’offres et au président de l’agglo de s’interroger sur la création ou le maintien d’emplois, la concurrence déloyale, ou la ré-industrialisation de son territoire ?
La pression que vous affirmez exercer sur CAF afin qu’elle achète les moteurs Alstom est-elle bien règlementaire au regard de la législation européenne des marchés publics ? Vous voyez, Monsieur le Président, quand vous le voulez, vous pouvez avoir une interprétation très souple des règles européennes.
Vous réfutez être le VRP de CAF, pourtant vous reconnaissez avoir accepté un cadeau de 400 000 euros sous forme d’une maquette de tramway. Il s’agit bel et bien de PLV (Publicité sur lieu de vente) ! Quelle utilité pour les bisontins ? Est-ce bien réglementaire ?
En acceptant ce cadeau, vous devenez de facto l’ambassadeur de CAF en France.
Tout les signaux montrent d’ailleurs que la stratégie marketing et communication de CAF en France repose totalement sur l’agglomération bisontine et son Président en particulier. Vous vous y employez d’ailleurs avec beaucoup de zèle.
Du coup, vous ne tarissez plus d’éloges sur CAF et son tram « low cost ». Vous en faites la promotion sur les stands CAF lors des foires et salons. Parmi vos actions publicitaires, je citerai notamment :
- Le 12 octobre 2011 à 14h30, votre présence était annoncée sur le stand de CAF, sur le salon « Rencontres nationales du transport public » à Strasbourg. Vous avez été désigné par CAF pour la présentation de son tramway « low cost » aux élus et clients potentiels participants à cette manifestation. La maquette grandeur nature du tramway CAF présentée, n’est autre que votre fameux cadeau transportée pour l’occasion de Besançon à Strasbourg par vos soins. Ce que vous nous présentez comme un cadeau obtenu après d’âpres négociations n’est ni plus moins que du matériel publicitaire de CAF.
- Le 19 septembre 2011, inauguration d’un show room à la gloire du tramway CAF, baptisé « la maison du tram ». Le concurrent d’Alstom dispose ainsi gracieusement d’une magnifique salle d’exposition, d’un lieu d’entreposage et du service de gardiennage pour son matériel publicitaire.
- Le 12 septembre, un mailing ciblé accompagné d’invitations gratuites avait été adressé aux enseignants bisontins et leurs écoliers, les incitant vivement à participer au salon ferroviaire de micropolis des 25 et 26 septembre dernier afin d’y admirer le tram de CAF
- Le 6 octobre 2011, un mailing a également été adressé aux élus régionaux vantant les mérites du tram CAF
- des 25 et 26 septembre dernier, Exposition à votre initiative d’une rame CAF au salon du rail miniature à Micropolis à Besançon.
- Voyage publicitaire à votre initiative d’une forte délégation bisontine au siège de CAF en Espagne
- Etc…
CAF cite et affiche désormais fièrement Besançon en exemple auprès de toutes les autres agglomérations françaises souhaitant s’équiper d’un tramway. Un argument en or massif pour CAF. Ses dirigeants affichent désormais leur succès dans la capitale comtoise comme une prise de guerre ! Face à Alstom, c’est un argument qui peut faire mouche.
Besançon offre ainsi à CAF non seulement la mise à disposition de la logistique publicitaire, mais également le soutien infaillible de son Maire comme porte-parole. C’est un cadeau qui représente une valeur ajoutée inestimable pour la société CAF au détriment d’Alstom. En avez-vous conscience ?
Accepter d’être la vitrine en France d’une entreprise qui tente sans succès depuis 2007 de pénétrer le marché français pour y concurrencer Alstom a bien un prix !
Un bon négociateur aurait dû s’en souvenir et s’appuyer sur cet argument pour obtenir au moins la création d’emplois dans l’agglo, l’implantation du site d’assemblage de CAF dans le Grand Besançon, et même une très bonne remise afin d’alléger la facture globale.
Vous réfutez avoir effectué le voyage en Espagne en tant que VRP de CAF et affirmez avoir agi en qualité de « VRP de la région et de Besançon » auprès des acteurs économiques espagnols. Dans ce cas, quels résultats concrets avez-vous obtenus lors de vos négociations ? L’entreprise CAF ou d’autres entreprises espagnoles envisagent-elles de créer des emplois à Besançon et sa région ? Comment expliquer l’absence de chefs d’entreprises locaux dans votre délégation ?
Il s’agit là de questions que chaque grand bisontin est en droit de se poser. Pourquoi brandir la menace judiciaire ? Il est de mon devoir d’élue à la fois régionale et de l’agglo de vous rappeler votre responsabilité en matière de protection de notre tissu industriel et de nos emplois.
Votre tentative d’intimidation et vos menaces sont indignes. Sachez que je me réserve moi aussi le droit de saisir la justice de notre pays si une plus grande transparence n’est pas faite sur ce dossier.
Je vous souhaite bonne réception de la présente et vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma considération distinguée.
POUR LA TAILLE DE NOTRE VILLE, LE TRAMWAY EST TOTALEMENT INUTILE ; SANS COMPTER LES PERTES D'EMPLOI, LA NATURE ABIMEE ET LES FRAIS FUTURS SUPPORTES PAR LES BISONTINS UNIQUEMENT ?
Rédigé par : MARCHAND | 20 octobre 2011 à 15:43