Eluard y insistait : « Il ne faut pas de tout pour faire un monde ; il faut du bonheur et rien d’autre ». Soyons assez forts et généreux pour interpeller cette scandaleuse coexistence de la misère moderne et de l’opulence extrême, non pour tout niveler, mais pour que l’humanité se souvienne qu’elle est une, qu’elle vit en chacun de nous et en tous, et que sa figure mutilée en est la révoltante blessure. Voyez l’enfant misérable…« C’est Mozart qu’on assassine ». On mesure le degré de civilisation d’une société au sort qu’elle réserve aux plus démunis. Fourier puis Engels le rappelèrent, et aujourd’hui c’est plus vrai que jamais.
Que sont donc devenus les idéaux dans un monde que trop vite on a dit désenchanté? Trahis trop souvent, ils ne sont pas morts pour autant. Ils existent, bien réels, ne serait-ce que dans l’aspiration de la conscience résistant à l’oppression et aux injustices multiformes. Sachons les faire vivre, pour redonner sens aux mots qui les incarnent. Laïcité et République, pour partager un monde commun à tous dans la liberté de conscience et l’égalité des droits, délivré de l’obsession des différences. Démocratie, pour que la souveraineté du peuple et des citoyens qui le composent ne soit pas abolie au profit d’experts faussement neutres. Justice pour tous, services publics, et responsabilité écologique, afin que le progrès économique retrouve sa dimension sociale, et se traduise par un authentique partage des conditions du bonheur. Égalité des sexes, pour que chacun s’élève au meilleur de lui-même. Paix et fraternité, fondées sur les mêmes droits reconnus à tous les peuples afin que les nations ne dérivent pas dans la haine réciproque. Hospitalité universelle. En République laïque, il n’y a pas d’étranger, car le droit peut unir tous les êtres humains abstraction faite de ce qui les distingue. D’ailleurs chacun d’entre nous peut-il vraiment oublier qu’il est en voyage ? Son lieu de séjour provisoire, plus ou moins durable, ne lui appartient pas plus qu’à aucun autre. « Patriotes de l’humanité » comme Victor Hugo, tout en aimant notre pays, sachons congédier à jamais le racisme, la xénophobie, et ce mauvais nationalisme qui rature l’unité de l’humanité. Culture et arts, afin que la mémoire du vrai et du beau nourrisse la vie et l’accomplisse pleinement.
Bonne et heureuse année 2010 ! Henri Pena-Ruiz
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