J’ai découvert Bernard Clavel vers l'âge de 10 ans par la lecture d'un un feuilleton paraissant
quotidiennement dans le journal le Progrès . Je me souviens qu'il s’agissait des « Pirates du Rhône » Ma grand-mère lédonienne découpait puis reliait les feuillets qui devenaient la lecture de ses petits enfants. C'était une autre époque. En 1960, c’est en classe de 6 ème, à Lons-le-Saunier, que notre professeur de français, Mr Gaume, nous a fait découvrir « l’Espagnol » et rencontrer Bernard Clavel qu’il connaissait pour avoir habité Lyon. Ce dernier est venu nous parler de son roman en toute simplicité. Plus tard en 1966, le jurassiens ont découvert en noir et blanc l’œuvre réalisée par la télévision en 819 lignes de l’époque tirée du roman et filmée (partiellement) dans les vignes du Revermont.
Bernard Clavel n'était pas seulement un auteur régionaliste. Celui qui a souvent évoqué la rudesse et la beauté de la vie dans notre région n’a pas pu vivre plus de 5 ans à Château-Chalon ; il n’y a pas écrit un seul roman .Son œuvre est d’abord celle d’un humaniste. Il porte une attention extrême aux humbles et décrit le destin des hommes toujours confrontés à un monde hostile. On passe à côté de son œuvre en y observant pas une forme d’idéologie spirituelle qui magnifie l’humain. Son message est politique au sens noble du terme: un désir d’améliorer un monde dans lequel l’homme-citoyen souffre, la plupart de ses romans nous éclairent sur la condition humaine en ajoutant toujours un supplément d’âme à un monde imparfait. Il faisait oeuvre d'amélioration de l'homme en écrivant.Ses personnages de terroir étaient toujours en devenir: comme lui qui a passé sa vie à toujours habiter "ailleurs".
Au cours des années 80, je l’ai rencontré pour la seconde et dernière fois lors d’un repas chez le sculpteur Georges Oudot dans la maison bisontine de ce dernier (la Pierre Taillée). Je conserve le souvenir d'une soirée riche en considérations sur la condition humaine.En dehors des hommages officiels, quelques bisontins se sont rendus en toute discrétion aujourd’hui sur la tombe de cet autodidacte qui disait que plus personne ne le lirait après sa mort...
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commentaire d'un lecteur :
"J'apprécie ce que vous écrivez Daniel à propos de cet auteur prolifique. En effet, Bernard Clavel n'était pas seulement un écrivain régionaliste. Il apportait comme vous le signalez (on constate que vous l'avez vraiment lu avec le corps...) ce supplément d'âme, cette idéologie spirituelle qui magnifie l'humain. Bien que certains politiques lui aient rendu hommage... à travers leur étiquette, il ne faudrait pas en déduire que cet humaniste soit de gauche ou de droite, ni même athée. Il n'appartenait à personne, il était libre tout en étant capable d'humilité confronté au mystère. Lui qui croyait ne pas être lu après sa mort , se sera au moins trompé sur ce point car s'il nous a si bien narré son siècle dans ses premiers romans saisissant de réalisme où transparait son aventure personnelle, d'apprenti, puis de confrontations aux multiples métiers et compagnons d'ouvrage. Par la suite, il a su cheminer comme tout historien-poète dans les siècles qui ont empreint la culture et l'identité de ses ancêtres laborieux et tourmentés par les conflits inhérents à cette région convoitée, charnière, qu'est la Franche-Comté. Vivant parmi ses personnages, ceux ci tantôt sagement résignés, fatalistes, ou passionnés, épris d'amour et de liberté. Il suivra l'un d'eux « bisontin la vertu » fier compagnon charpentier jusqu'au Nouveau Monde, au Canada nouvellement découvert. Là, notre auteur s'implantera le temps d'écrire plusieurs romans (L'or de la terre, Harricana, Maudits sauvages) séduit par la beauté sauvage des paysages et son peuplement. Il parviendra d'un œil compatissant à éclairer ses lecteurs sur les rapports conflictuels entre les Amérindiens aux coutumes animistes, parfois cruelles, mais en harmonie avec leur environnement et les nouveaux arrivants Européens, aux mœurs d'apparence avide, mais plus souvent poussés par la misère et l'exaltation de la foi, que le gout d'aventure , de conquêtes ou autres profits immédiats.
Creusant toujours le même sillon à travers époques, lieux et conditions, Clavel aura vécu, non comme un déraciné en éternelle errance, mais comme une feuille au vent, porteuse de semence et de mémoire, propre à entretenir les esprits et faire vivre les cœurs...dans une vie continuée..
Merci aussi à sa compagne Josette Pratte pour son soutien à qui nous devons sans doute cette immergence au Québec."
E.C.
c'est avec beaucoup d'émotion que je me rendu au cimetière de Frontenay, pour rendre une petite visite à ce Grand Homme...
Rédigé par : Claude | 18 mars 2012 à 22:40
Rien à ajouter à ce texte qui parle si bien de notre ami Bernard et au commentaire.
Je suis très émue.
Merci
Rédigé par : anonyme | 12 octobre 2010 à 00:58
"J'apprécie ce que vous écrivez Daniel à propos de cet auteur prolifique. En effet, Bernard Clavel n'était pas seulement un écrivain régionaliste. Il apportait comme vous le signalez (on constate que vous l'avez vraiment lu avec le corps...) ce supplément d'âme, cette idéologie spirituelle qui magnifie l'humain. Bien que certains politiques lui aient rendu hommage... à travers leur étiquette, il ne faudrait pas en déduire que cet humaniste soit de gauche ou de droite, ni même athée. Il n'appartenait à personne, il était libre tout en étant capable d'humilité confronté au mystère. Lui qui croyait ne pas être lu après sa mort , se sera au moins trompé sur ce point car s'il nous a si bien narré son siècle dans ses premiers romans saisissant de réalisme où transparait son aventure personnelle, d'apprenti, puis de confrontations aux multiples métiers et compagnons d'ouvrage. Par la suite, il a su cheminer comme tout historien-poète dans les siècles qui ont empreint la culture et l'identité de ses ancêtres laborieux et tourmentés par les conflits inhérents à cette région convoitée, charnière, qu'est la Franche-Comté. Vivant parmi ses personnages, ceux ci tantôt sagement résignés, fatalistes, ou passionnés, épris d'amour et de liberté. Il suivra l'un d'eux « bisontin la vertu » fier compagnon charpentier jusqu'au Nouveau Monde, au Canada nouvellement découvert. Là, notre auteur s'implantera le temps d'écrire plusieurs romans (L'or de la terre, Harricana, Maudits sauvages) séduit par la beauté sauvage des paysages et son peuplement. Il parviendra d'un œil compatissant à éclairer ses lecteurs sur les rapports conflictuels entre les Amérindiens aux coutumes animistes, parfois cruelles, mais en harmonie avec leur environnement et les nouveaux arrivants Européens, aux mœurs d'apparence avide, mais plus souvent poussés par la misère et l'exaltation de la foi, que le gout d'aventure , de conquêtes ou autres profits immédiats.
Creusant toujours le même sillon à travers époques, lieux et conditions, Clavel aura vécu, non comme un déraciné en éternelle errance, mais comme une feuille au vent, porteuse de semence et de mémoire, propre à entretenir les esprits et faire vivre les cœurs...dans une vie continuée..
Merci aussi à sa compagne Josette Pratte pour son soutien à qui nous devons sans doute cette immergence au Québec."
Rédigé par : Ec. | 11 octobre 2010 à 11:48
pouvez vous me faire parvenir cette photo ou d'autres j'aime beaucoup Bernard Clavel depuis mon adolescence
mon adresse :
[email protected]
Rédigé par : Michel T. | 11 octobre 2010 à 00:24