18 h 5O. Le général sort de son bureau et pénètre dans la bibliothèque. A ce moment-là, Francis Maroux, le chauffeur, rentre dans les communs, dans la salle à manger du personnel. Petite pièce qui s'adosse aux cuisines. Il pend sa gabardine bleue au portemanteau de bois. Il attend les ordres.
18 h 55. Le général, assis, aligne les cartes retournées sur la feutrine verte qui recouvre la table de jeu. En face de lui, assez loin, de l'autre côté de la pièce, le poste TV est allumé, le son coupé, muet. A sa gauche, Mme de Gaulle tricote. Des petits carrés de laine multicolore qu'ensuite elle assemblera pour confectionner un petit dessus de lit : un patchwork. Le silence pèse. Seule la pendulette Directoire qui se trouve derrière le général égrène faiblement ses sept coups.
19 h 2. Le général se dresse de son fauteuil. Sa bouche s'ouvre comme s'il avait des difficultés pour respirer :
— J'ai mal... J'ai mal... J'ai terriblement mal.
Mme de Gaulle laisse son ouvrage et se précipite vers son époux. Elle n'aura pas le temps d'arriver jusqu'à lui. Le général s'affaisse sur le fauteuil, un genou à terre, le bras gauche étendu sur l'accoudoir. Ses lunettes gisent sur le tapis.
Mme de Gaulle appelle à l'aide. Francis Maroux, Honorine et Charlotte arrivent en courant. Le chauffeur prend son maître dans ses bras et l'allonge. Charlotte repousse la table de jeu ; quelques cartes tombent.
19 h 5. « Appelez vite un médecin », dit Mme de Gaulle dans un souffle. Charlotte se précipite et demande le 323 à Bar-sur-Aube, le docteur Lacheny.
- Venez vite, c'est grave, c'est pour le général.
19 h 8.Il faut le mettre sur un matelas. dit Mme de Gaulle.
Charlotte va en prendre un au premier étage. Un petit matelas d'une personne prélevé sur le lit d'un petit-fils. Pendant ce temps-là, Maroux dégrafe le col, la cravate du général. Difficilement on installe le général sur le matelas.
De Gaulle aura été un personnage hors du commun, c’est bien par les aléas de son appel du 18 juin 1940 qu’il est parvenu à la table des plus hautes sphères de nos institutions. Il a su saisir ce rendez vous avec l’histoire, non pas avec un calcul d’apparatchik, ni même d’homme de guerre (qu’il n’a jamais été d’ailleurs…) mais en toute candeur, par amour et haute idée de sa patrie. C’est en quelque sorte le personnage que beaucoup attendent, conscient ou pas… En ce sens, nous ne risquons donc pas d’être surpris par des individualités issues des partis ou du système. Invariablement, nous devrons donc passer par une crise…il ne faut donc point la redouter.
Rédigé par : Pix | 09 novembre 2010 à 14:22
Quand sarko dit
Il était une fidelité sans faille à la démocratie face à la menace totalitaire
C’est pas comme lui qui recoit les dictateurs du monde entier pour la honte de notre pays
Le déclin c’est lui
Rédigé par : anonyme | 09 novembre 2010 à 13:14
Le général de Gaulle avait écrit Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France” c’est d’une grande beauté littéraire
Quand je pense aux enseignants soutenus par Assouline refusent de considérer les textes de ses mémoires comme de la littérature
Rédigé par : Alain N | 09 novembre 2010 à 12:54