Il y a déjà 26 ans, en 1984, Yves Montand, ancien compagnon de route du PCF, soutenu par un numéro spécial du journal Libération et Laurent Joffrin (le futur patron du Nouvel Obs) criait au bon peuple « Vive la crise » Il nous expliquait sur Antenne 2 dans un documentaire fiction que cette crise était une chance pour notre pays.Bernard Tapie y était cité en exemple (la suite ne lui a pas donné raison) La gauche venait de prendre le virage de la rigueur, la croissance était très faible et il fallait bien rester dans le système monétaire européen. A l’époque, les téléspectateurs n’avaient pas forcément compris. Ont-ils compris ce soir qu’on les préparait insidieusement à ne plus considérer que les traders soient la solution à tous nos maux et que l’état doit désormais s’occuper des plus démunis en oubliant le grand soir révolutionnaire : une sorte de doctrine à la DSK
Sur France 2, les duettistes Erik Orsenna et Daniel Cohen, questionnés par le candide Pierre Arditti (qui ne sait pas encore qui il soutiendra lors des primaires du PS mais a déclaré qu’il aimait bien DSK) en bon pédagogues, ont de nouveau essayé de nous redonner confiance : nous sommes les seuls à être aussi pessimistes et c’est pas bien. Ils nous ont indiqué qu’il fallait malgré tout songer à mieux organiser nos budgets : on ne sait jamais, l’exemple de la Grèce peut-être contagieux. C’est un peu à « la crise expliquée aux archi-nuls que l’on vient d’assister » Parfois le côté "documentaire" revet un certain intéret avec l’histoire de la bulle internet et son éclatement, celle des propriétaires américains endettés, de la crise des subprimes et la démystification de l’or vert (là il devient réaliste mais que vont dire les verts bisontins et Eva Joly ?)
Les images de Paris sont belles, les reportages sur la croissance des TICS intéressants voire nostalgiques: rien à dire sur la forme. Ce qui est pénible, c'est qu'on nous vende de façon insidieuse voire perverse, du "prêt à penser bipolaire" les bons (une sorte de gauche morale) et les mauvais (Thatcher et Reagan).On nous dit sans rire que la Chine d'aujourd’hui' hui, c'est la France des années 50.Ceux qui se souviennent des années 50 ont du bien rire.
Nous avons donc écouté pendant deux heures à une leçon d’histoire récente sur l’économie de notre pays au cours des 30 dernières années, sujet assez intéressant (même si Arditi nous a parlé de ses voisins de la rue des Martyrs, à une époque ou tout le monde était beau, gentil, fraternel…) Cette piqure de rappel aux foules que l’école n’a jamais formé à l'économie était le seul intérêt de la soirée; ces trois hommes, marqués à gauche ne condamnent plus le capitalisme depuis longtemps ( Mélanchon doit bouillir devant sa télé)
On retiendra que pour eux, si problème il y a dans la mondialisation, c’est les inégalités croissantes depuis 1920 et les écarts des salaires entre dirigeants et dirigés qui en sont la cause. Impossible de savoir si la bourse est vraiment en délire, si l’on est à l’aube du crack boursier de 1930 ou si il faut vider nos livrets A (pour ceux qui en ont).Arditti a commencé en nous disant « que le monde avait changé » Comment, personne ne s’en était encore aperçu ? Le candide se demande comment on a pu arriver dans un monde pareil « celui où les emplois s’évanouissent, où certains gagnent en un mois ce que d’autres ne gagneront pas en une vie. Alors j’ai voulu comprendre…»Jamais un début de solution hormis le micro-crédit.
Montand avait reconnu qu’il avait touché 50000 francs pour animer l’émission. On ne sait encore pas si Arditi a eu un cachet ; il est déjà rémunéré pour faire la publicité télévisée (vidéo) de la banque LCL. Alors,vive la crise... et les banques !
Daniel AIME mardi 11 janvier 22 h 30